Sophie Golliot, présidente du Judo Club Calaisien
et professeur d’EPS au collège “Les Dentelliers”
Éducatrice sportive à temps plein
À
l’heure à laquelle chacun s’accorde à reconnaître que les bénévoles
se font rares, que les dirigeants de clubs s’évertuent à impliquer
quelques jeunes adhérents afin qu’ils puissent assurer
un jour la relève, Sophie Golliot est l’exemple d’une pratiquante
qui a su recevoir à l’époque où
elle était compétitrice et qui le rend aujourd’hui au centuple.
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“Sophie
Golliot ne compte
pas son temps au
bénéfice des élèves.
Elle fait preuve d’un
engagement exceptionnel.
Elle est dynamique,
dévouée, compétente
et humaniste. Elle fait
preuve de fermeté bienveillante
à l’égard des
enfants, sans en négliger
aucun. Ils bénéficient
tous de son attention.
Elle est débordante
d’idées et répond
toujours présente à la
moindre sollicitation”.
Cet éloge formulé par
Joël Berzin, le principal
du collège Les Dentelliers
n’est probablement pas
étranger à l’obtention
des palmes académiques
qui seront prochainement
décernées à la
jeune prof d’EPS. |
C’est
parce qu’elle se faisait chahuter dans la cour de récréation
que la jeune écolière décide un jour, à 7 ans, de pratiquer
le judo. En septembre 1976, accompagné de ses parents le
petit bout pousse alors les portes de la Maison Pour Tous.
Des parents qui sont loin d’imaginer qu’ils sont en train
d’écrire le prologue de 30 ans d’une vie vouée
jusqu’aujourd’hui à la pratique du judo. Une pratique
sportive dans un premier temps, comme chaque parent est en
droit de l’espérer pour son gamin. Mais l’art martial mis au
point par un certain japonais Jigora Kano, il y a tout juste
un siècle, va devenir une passion dévorante au fil des
années. Tellement dévorante que les cours dispensés par ses
entraîneurs de la MPT, Lucien Lancel et oël Triplet, ne sont
plus suffisants pour satisfaire l’enfant qui maintenant
prend le dessus sur ses camarades de classe et de club. Ce
qu’elle souhaite, c’est rentrer dans l’arène, faire de la
compétition, ce qui n’est pas dans les priorités de ses
enseignants. Mais qu’à cela tienne, Sophie est inscrite pour
participer à son premier championnat départemental à
Béthune. Mal informés, Sophie et ses parents arrivent après
l’heure limite de la pesée des combattantes.
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Une
ambition justifiée
Devenue collégienne, la jeune fille rejoint le Judo Club
Calaisien, avenue Antoine de Saint-Exupéry. Là, dans ce dojo
qui à l’époque jouxtait le CRUFC, la compétition est
l’objectif premier des dirigeants et des pratiquants. “La
transition s’est bien passée, il y avait plus de filles pour
m’entraîner. Dès la première saison à l’âge de 13 ans, j’ai
remporté mon premier titre de championne départementale. Il
en a été ainsi 13 saisons de suite au fil des différentes
catégories d’âge. Durant 10 ans, j’ai accédé au championnat
de France. Mais je n’ai pu décrocher que 3 médailles de bronze au
niveau national scolaire et universitaire, ainsi qu’une
place de 5ème par équipe en 1ère division”. Un palmarès
complété par de nombreux titres régionaux et inter-régionaux
que bon nombre de judokas envieraient, mais qui a laissé sur
sa faim Sophie, qui voulait accéder au haut niveau. “À 26
ans, je me suis rendue à l’évidence que je n’accéderai plus
à l’élite. De plus, mon petit gabarit n’a pas été à mon
avantage lors des nombreux entraînements et stages. J’étais
parmi les plus légères. Autant dire que quatre hernies
discales ont eu raison de ma soif de compétition. J’en avais
marre également des régimes pour me maintenir au poids”.
Mais en mettant un terme à sa carrière de compétitrice, la
judoka n’a pas pour autant lâché le judo. Car dès l’âge de
15 ans, l’enseignant du JCC, Jacques Badreau, lui avait
confié l’entraînement des tout petits, celui des 6-7 ans
qu’elle n’a cessé d’assurer. Et sa passion du judo la
dévorait au point qu’avec son bac littéraire en poche, elle
aura été l’une des rares Calaisiennes de l’époque a s’être
rendue avec succès à Lille pour devenir enseignante
d’éducation physique et sportive. Et la petite fille
tiraillée par ses camarades de classe a laissé place à une
femme en quête d’indépendance. Ainsi, à 23 ans, avec sa
licence en poche, elle obtient son premier poste de maître
auxiliaire au collège de Guînes. Durant 3 années, la
succession des remplacements conduira l’enseignante d’EPS
dans 13 établissements différents du Calaisis. Une période
qu’elle mettra également à profit, aux côtés de Jacques
Badreau pour obtenir le CAPES et le brevet d’État 1er degré
de judo. |

Lors du déplacement avec la sélection
féminine du Pas-de-Calais au Maroc la saison dernière,
son attachement aux enfants a encore opéré auprès des jeunes judokas
locaux.

L’enseignante d’EPS se montre exigeante
avec ses élèves. Véritable main de fer dans un grand de velours,
elle fait l’unanimité auprès des jeunes.
Quand
passion devient travail
Professeur certifiée, Sophie Golliot devenue présidente du
JCC est alors titulaire au collège d’Audruicq. Mais son idée
d’ouvrir une section sport-études judo à Calais ne la quitte
pas. Après un passage au complexe Calypso durant 3 saisons,
le dojo calaisien s’établit dans des installations
spécifiques construites par la municipalité Porte de Lille.
Parallèlement le collège Sophie Berthelot trouve également
son indépendance et investit une ancienne usine de dentelle
rue du Four-à-Chaux et devient le collège “Les Dentelliers”,
mais aussi voisin du dojo de la Porte de Lille.
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L’opportunité
est trop belle pour laisser passer l’occasion d’assouvir ce
rêve, de lier travail et passion. Sophie Golliot obtient alors sa mutation pour le collège Sophie
Berthelot version “Les Dentelliers”.
Elle
expose alors son projet de section sport-études judo à
Christine Serednicki, la future principale de
l’établissement. Les deux femmes s’accordent et le dossier
de création parvient jusqu’aux instances académiques de
l’Éducation Nationale et à la ligue de Judo. S’en suit alors
l’ouverture de la section sportive
locale de judo en septembre 2001.
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“Lors des assises de
la fédération à Saint-Etienne j ’a i côtoyé David Douillet,
une belle rencontre avec une légende vivante”.
Un
caractère à toute épreuve
Un pari en partie réalisé la saison dernière avec la
qualification pour le championnat d’Europe de Clémentine
Louchez, championne de France cadette et de Richard
Strugalski, non voyant, ceinture noire à 14 ans, champion de
France handisport et vainqueur du tournoi européen de
Lituanie, présélectionné pour les jeux mondiaux de la
jeunesse qui se dérouleront au Colorado en juillet 2007. “A
u collège, on obtient de grosses satisfactions avec la
vingtaine d’enfants qui font partie de cette “famille du
judo”. Chaque gamin y trouve son compte, il n’y a pas que la
compétition qui importe. Certains en échec scolaire s’en
sont sortis grâce à l’esprit de famille qui règne au sein de
cette section. Pour certains, je suis un peu comme leur
grande sœur, leur confidente. Pourtant je suis exigeante
avec eux, je leur demande beaucoup. Mais je pense qu’ils
sont en recherche de cela, ils ont besoin d’être cadrés.”
Marqué par les succès mais aussi par les défaites, le
parcours sportif de Sophie lui a durci le caractère. “Échecs
et réussites m’ont forgé le caractère, je sais relativiser
les petits soucis de la vie en comparaison de gens de mon
âge qui pour un rien dépriment. |
Au collège, je
suis réputée pour être toujours de bonne humeur, avoir un
moral d’acier”. Mais la 3ème dan aime tout autant retrouver
chez elle quelques amis autour d’un plat raffiné, d’une
coupe de champagne et pousser la chansonnette. Pour
s’accompagner en musique, elle aurait bien envie de
reprendre la guitare, une activité qui s’est fait “planter”
par le judo, il y a bien longtemps. Mais ceux dont elle aime
avant tout s’entourer ce sont ses parents. “Ils m’ont
toujours soutenue dans mes projets de vie, et j’aime me
retrouver avec eux, pour me faire pardonner tous les repas
de famille auxquels je suis absente, où j’arrive au moment
du dessert”. Son rôle de secrétaire générale du comité
départemental de judo lui prend aussi beaucoup de temps,
mais lui accorde quelques satisfactions. “Cette fonction est
très prenante, mais elle est aussi très agréable. Je
rencontre beaucoup de gens, c’est formateur. Lors des
assises de la fédération à Saint-Etienne j’ai côtoyé David
Douillet, une belle rencontre avec une légende vivante”. |

Si la période estivale
permet de “recharger les batteries et faire un break”, cela n’est
pas toujours synonyme de
farniente pour Sophie. Les activités physiques de manquent pas,
plongée ou encore marche
comme l’été dernier aux Açores.
L’été,
pour recharger les batteries
Si au fil des 10 mois de l’année scolaire la présidente,
l’enseignante, la responsable fédérale parcourt des milliers
de kilo-
mètres, c’est durant la pause estivale que Sophie Golliot
vit sa seconde passion, celle de découvrir le monde. Chez
elle un planisphère et quelques photos témoignent de son
vécu touristique. “Cet été j’ai visité mon 19ème pays. Après
l’Egypte, le Vietnam, le Sri Lanka, le Pérou, le Canada, le
Mexique, les Seychelles... je suis allée aux Açores.
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Chaque
année je marque un break,
il n’est pas question de judo durant les deux mois d’été”.
Mais si le petit bout de femme est entouré de nombreux
gamins elle aspire à 37 ans à fonder un foyer. “Je ne
m’inquiète pas sur le sujet. Une personne très proche m’a
prédit la rencontre tant attendue pour mes 38 ans”. Ce qui
lui laissera alors le temps peut-être d’enfiler une dernière
fois le kimono dans le rôle de compétitrice, afin de
participer au championnat du Monde vétéran de Judo qui se
disputera en juin 2007 au Brésil à Sao-Paulo. Ah ! Ces vieux
démons qui sans cesse vous poursuivent !
Gilles Mainvis |
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